Le papier graphique ne voit toujours pas le bout du tunnel...
Fin mars, une procédure de liquidation de l’usine Arjowiggins de Bessé-sur-Braye (Sarthe) a donc été décidée par le Tribunal de commerce de Nanterre.
Fondée en 1824, cette usine produisait quelque 320.000 t/an de papiers graphiques, de spécialités et de papiers laminés avec 568 salariés. Cette fermeture d’une des grandes papeteries françaises constitue une onde de choc pour le personnel, le département, l’écosystème local, mais aussi pour la fi lière papetière (soustraitants, fournisseurs…). En revanche, une logique d’intégration en amont a présidé à la reprise des autres sites. L’usine de pâte désencrée de Greenfield a en effet rejoint le groupe allemand Wepa, producteur de papier tissue qui possède déjà deux usines en France. Par ailleurs, les deux machines de l’activité “Ouate” du site du Bourray, rebaptisé “Papeterie Le Bourray”, ontété rachetées par le transformateur CGMP.
Le secteur graphique reste surcapacitaire, comme le montre également l’arrêt temporaire de la ligne 8 de Condat qui pourrait se réorienter vers les spécialités. Hors de France, Stora Enso devrait aussi décider, d’ici fin juin, de convertir une machine de son usine d’Oulu (Finlande) du graphique vers le kraftliner et de fermer l’autre machine. En Allemagne, UPM annonce aussi la fermeture prochaine d’une ligne de couchés sur son site de Plattling.
Du côté des papiers pour ondulé (ppo) et du carton ondulé, la concentration se poursuit, avec le rachat du groupe Lacaux par Cartonneries de Gondardennes Wardrecques (CGW). En outre, l’acquisition, par DS Smith, des usines d’Europac (dont la papeterie de Rouen) est effective depuis fin janvier. Le Portrait du D.-g. de DS Smith Packaging France, Thibault Laumonier, vous permettra d’en savoir plus sur les projets de ce groupe.
Qu’en est-il du côté des Papiers spéciaux, auxquels cette édition consacre son Dossier ? Ce secteur continue globalement à être sur une bonne dynamique comme l’a montré la Conférence Smithers Pira, organisée début avril à Berlin. Parmi les points de vigilance toutefois : l’envolée des prix de la pâte (pour les producteurs non-intégrés) et la montée en puissance de la Chine. Mais les papetiers européens devraient tirer notamment profit des difficultés actuelles du plastique en termes d’image auprès des consommateurs et de la prochaine directive de l’UE sur les plastiques à usage unique pour pousser leur avantage et s’ouvrir de nouveaux marchés. Enfi n, notre reportage aux Papeteries du Léman (PDL) – qui se sont lancées, mi-2014, dans le papier cuisson afin de pallier le recul du papier mince et du papier cigarette – montre combien l’innovation et la diversifi cation jouent un rôle essentiel dans ce secteur. Bonne lecture.
(...)