En 2019, si nous montions quelques marches ?
Au moment où nous écrivons cet éditorial, les manifestations des “gilets jaunes” continuaient à alimenter – à saturer ? – l’actualité. Il ne s’agit pas, ici, d’entrer dans le débat sur les causes – multifactorielles et certainement anciennes – de ce mouvement protéiforme et atypique. Néanmoins, parmi les raisons avancées pour expliquer ses origines, se trouve la désindustrialisation qui frappe notre pays depuis quelques décennies. Fin 2017, la conférence organisée par Copacel avait d’ailleurs traité du sujet de la représentation, contrastée et ambivalente, qu’ont les Français du monde industriel.
Un an plus tard, lors de sa conférence de décembre, Copacel a opportunément choisi d’aborder le thème du “chamboule-tout” du commerce international et de ses conséquences sur l’industrie. Car l’environnement économique mondial s’est tendu ces derniers mois, avec l’activation des différends commerciaux entre les Etats-Unis, la Chine et l’Europe, cette dernière étant également impliquée dans les négociations sur le Brexit. Comme l’a souligné Bernard Lombard, “Trade & Industrial Policy Director” pour CEPI, « le commerce est devenu plus politique, avec une société civile plus engagée et des Etats-membres plus critiques. » Pour l’industrie papetière française et européenne, les échanges, au sein de l’UE surtout, mais aussi au niveau international, sont essentiels. Quelques données pour rappel : la France exporte 46 % de sa production de papiers et cartons dans les pays de l’Union européenne et importe 35 % de sa consommation de pâte en provenance de l’UE et 34 % en provenance du reste du monde. Et, comme la fermeture de la Chine à l’importation de certaines sortes de PCR l’a montré, les politiques commerciales ont un impact majeur sur les équilibres et sur les prix sur ce marché mondialisé. En tout cas, globalement, en ce début d’année, les tensions qui planent sur le commerce international et les tentations protectionnistes alimentent notamment les doutes sur la vigueur de la croissance économique mondiale et européenne pour 2019.
Toujours au sujet de l’économie, un autre point de vue, très intéressant, est à lire dans ce numéro : celui de Maurice Obadia, économiste et consultant, qui était l’invité, en décembre, du déjeuner du Groupement français des importateurs de papiers et cartons (GIPC). Ce chantre de “l’économie de la relation” a présenté son “Festival économique mondial”, c’est-à-dire sa vision des principaux déterminants de l’économie. Cette approche métaphorique décrit la montée vertueuse de six marches ou… la descente aux enfers, également en six marches. Schématiquement, dans la montée des marches, règnent en particulier la confi ance entre les acteurs, la recherche de l’innovation et de l’effi cacité, ainsi que le sens et le but des actions menées. A l’inverse, dans la descente des marches, se manifestent la résistance au changement, le repli, la concurrence déloyale, le “court-termisme” et, infine, l’“égo-nomie”. Une grille de lecture revigorante à même de décrypter l’actualité du moment… Toute l’équipe de La Papeterie vous souhaite une très
bonne année 2019, avec, bien sûr, beaucoup de marches à gravir !
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