Quelle Europe voulons-nous ?
C’est un sujet qui devait tarauder les papetiers depuis déjà bien longtemps : une enquête réalisée par Technopolis et CEPI, à la demande de la Commission européenne, a en effet évalué les coûts de certaines réglementations européennes sur le secteur papetier. Les résultats sont édifiants.
Entre 2005 et 2014, les coûts réglementaires directs ont triplé, passant, en moyenne, de 2 % à près de 6 % de la valeur ajoutée. A elles seules, les politiques liées à l’environnement, au climat et à l’énergie ont représenté les deux tiers de ces dépenses. Sur dix ans, en ajoutant les coûts indirects d’ETS (Système d’échange de quotas d’émissions de CO2), 40 % de la profitabilité moyenne de l’ensemble du secteur a été absorbée, soit 1,4 Md€ par an. Dans la conférence organisée par Copacel mi-décembre, Sylvain Lhôte, directeur général de CEPI, a présenté les principaux résultats de cette étude. On y
a aussi appris que, sur les cinq dernières années, au global, plus de 2.000 directives et règlements ont été produits dans l’UE. Et, pour l’industrie papetière, les révisions à venir d’ici à 2030 sont nombreuses (ETS, Reach, Bref, directive Emballage, etc.).
Une fois ces constats posés, que demandent les papetiers ? Qu’une étude d’impact économique – une sorte de droit d’inventaire – soit systématiquement réalisée avant de voter toute nouvelle directive ou tout nouveau règlement. Ce qui permettrait d’éviter une stratification réglementaire paralysante et un dérapage des coûts. Toutefois, l’Europe n’est pas seule responsable, chaque pays membre pouvant choisir de transposer les textes européens en y mettant plus ou moins de zèle et de sévérité. En revanche, comme l’a expliqué Agnès Roger, présidente de Copacel, quand elle se situe au niveau adéquat, la
réglementation européenne s’avère très utile (alimentarité, écolabel…).
Dans un contexte inédit, marqué par le Brexit, la crise des migrants, la montée des velléités protectionnistes en Europe et aux Etats-Unis – alors que le monde est pourtant de plus en plus ouvert et globalisé –, il ne s’agit pas ici de crier haro sur l’Europe par facilité. Mais simplement de s’interroger sur son fonctionnement, ses principes et ses objectifs. Quelle Europe voulons-nous ?
Une Europe surtout normée et technocratique ou une Europe proactive sur le plan industriel, prenant en compte la compétitivité de ses industries, lesquelles vivent dans un environnement mondial ? Faut-il modifier ses règles afin de pouvoir, par exemple, constituer de véritables champions sur certains secteurs ? La crise actuelle pourrait être salvatrice si elle remettait en cause une certaine naïveté ainsi qu’un certain manque de vision de nos politiques qui, en quelque sorte, se sont arrêtés au milieu du gué de la construction économique de l’Europe.
Ces questions seront certainement au coeur des débats et des scrutins qui s’annoncent pour les mois à venir. En attendant, toute l’équipe de La Papeterie vous souhaite une excellente année 2017, remplie de projets et de succès, en France, en Europe ou ailleurs…
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