Investissement et formation : deux grands défis !
Certes, une hirondelle ne fait pas le printemps ! Mais, ces derniers mois, plusieurs indicateurs économiques sont passés au vert : au désormais célèbre “alignement favorable des planètes” (niveaux faibles de l’euro, des taux d’intérêt et du prix du baril de pétrole, facteurs cependant exogènes), se sont ajoutés, récemment, d’autres éléments positifs. D’abord, au premier trimestre, une croissance de 0,6 % (due, il est vrai, à la variation des stocks et à la consommation) et une hausse de 1,3 % de la production manufacturière. En outre, selon les dernières données de l’Insee, les chefs d’entreprises manufacturières pourraient augmenter leurs investissements de 7 % en 2015 (vs 2 % réalisés en 2014). Pour ce qui concerne le secteur papetier, citons l’exemple d’Allimand1 qui, après un second semestre 2014 difficile, a vu son carnet de commandes atteindre aujourd’hui des sommets, grâce à l’export, à une stratégie commerciale et de formation offensive… mais aussi à des contrats signés dans l’Hexagone et à la nouvelle politique de la BCE.
Côté investissements, le nouveau dispositif de “sur-amortissement” annoncé par le gouvernement vise à octroyer un “bonus fiscal” aux entreprises qui investiront entre le 15 avril 2015 et le 14 avril 2016. Mais encore faut-il que la visibilité s’améliore, que les carnets de commandes se remplissent et que la stabilité fiscale s’installe pour enclencher ce cercle vertueux ! Les enjeux sont en effet de taille. Car, comme le pointe régulièrement le Syndicat des machines et technologies de production (Symop), la France pâtit d’un lourd déficit en matière d’investissements et du vieillissement de ses installations industrielles. Un cercle vicieux qui plombe l’amélioration de la valeur ajoutée et la montée en gamme de ses produits. Une étude conduite en 2014 par le Symop, le Gimélec et la DGE a ainsi montré que l’appareil productif des PME françaises accusait un retard important. L’âge moyen du parc français de machines-outils s’établit actuellement à 19 ans et, entre 1998 et 2013, le parc des machines de moins de 15 ans s’est réduit de 10.000 unités, cependant que celui de l’Allemagne augmentait de 95.000 ! La France possède moins de 40.000 robots, quatre fois moins qu’outre-Rhin…
Ces défis se trouvent notamment au cœur des neuf Solutions de la seconde phase de la Nouvelle France Industrielle. Ces Solutions centrées sur neuf thématiques-clés (nouvelles ressources et objets intelligents en particulier) ont pris le relais, le 18 mai, des 34 plans industriels. Objectif : créer l’Industrie du futur, à même de moderniser les filières et les process tout en améliorant l’accès à l’international ou la formation. A lui seul, ce dernier sujet suscite bien des interrogations : quels types d’emplois et quelle place pour l’Homme dans l’usine de demain ? Réfléchir aux investissements et aux technologies futurs, c’est en effet anticiper, dès maintenant, l’évolution des métiers, lesquels seront, à l’avenir, probablement encore davantage polyvalents et pluridisciplinaires. C’est aussi savoir attirer les jeunes et encore mieux articuler formation – initiale et continue – et besoins de l’industrie. Ces enjeux cruciaux s’inscrivent dans un environnement de plus en plus ouvert, mondialisé et concurrentiel. S’ils concernent d’ores et déjà tous les secteurs industriels – et la papeterie ne fait évidemment pas exception –, leur acuité sera très certainement renforcée au cours des prochaines années. Il est donc d’autant plus urgent de s’y atteler !
VALERIE LECHIFFRE
(...)