Papier vs Internet : entre couac et… espoirs !
Du demi-sourire à la grimace ! Après l’accueil, globalement favorable, de la profession au rapport Bardy sur la filière du papier recyclé1, qui a suscité une certaine satisfaction d’un secteur plutôt content d’être écouté – sinon totalement entendu – sur certains sujets-clés, en ce début octobre, l’article 46 du projet de loi de Finances 2015 est venu doucher cette relative bonne humeur. Il n’est certes pas nouveau que le support papier soit attaqué. Mais, cette fois-ci, il s’agit de « supprimer l’envoi à domicile de la propagande électorale sous format papier pour les élections régionales, départementales (…) qui seront organisées au cours de l’année 2015 », au profit d’une mise à disposition sur Internet, en préfectures, sous-préfectures et mairies. Arguments avancés : les économies, l’impact sur l’environnement et l’élargissement des modalités de diffusion. Ce qui a provoqué une véritable levée de boucliers, réunissant Copacel, l’Unic et Culture Papier, qui ont répliqué avec de nombreux contre-arguments2 : déni démocratique – notamment auprès des plus modestes qui n’ont pas accès à Internet –, risque accru d’abstention, menace sur les emplois, alimentation de l’idée fausse selon laquelle papier et environnement ne font pas bon ménage… Au moment où nous écrivons, nous ignorons si cet article sera maintenu en l’état mais, pour l’heure, le mécontentement de la profession est palpable !
Sur ce sujet de l’image du papier, d’Internet et de la manière dont les Français considèrent les différents médias, le 4e Colloque Culture Papier qui s’est déroulé le 9 octobre à Paris a livré quelques tendances très intéressantes, qui viennent tordre le coup à une opposition stérile entre les différents supports. Selon une enquête réalisée cette année par Mediaprism3, 81 % des Français se déclarent attachés au papier, support du quotidien associé à la lecture en profondeur, à la compréhension, l’apprentissage, la mémorisation, la sérénité… Une nouvelle tendance émerge également : la déconnexion ! Selon cette étude, 63 % des Français ressentent en effet, souvent ou de temps en temps, le besoin de se déconnecter et près de sept sur dix considèrent que le papier est un moyen de reprendre le contrôle et de retrouver une forme de liberté – d’autant que la lecture sur ce support évite aussi d’être “pisté”, comme cela peut être le cas sur le web ! Cerise sur le gâteau : la population des “18-34 ans” n’est pas en reste puisque 93 % de cette tranche d’âge déclarent ressentir ce besoin, ne serait-ce que rarement, plus d’un jeune sur deux estimant même qu’il s’est accentué comparé à il y a cinq ans ! Cette population est également celle qui associe le plus le papier à la notion de bien-être. Enfin, 78 % des Français dans leur ensemble estiment que, dans le futur, papier et numérique resteront des supports qui se complèteront. L’avenir n’est donc pas joué contre le papier ! Les Français seraient-ils plus conscients, mesurés et affûtés sur ce sujet de la complémentarité des médias que certains politiques ?
VALERIE LECHIFFRE
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