Rapport Bardy : un nouvel élan pour la filière ?

Voilà un rapport qui ne devrait pas rester sans lendemains ! L’étude volumineuse et fort bien documentée sur la filière “Papier recyclé” et sur l’économie circulaire en France, que le député Serge Bardy a officiellement présentée le 10 septembre, dresse un état des lieux très complet et très instructif sur cette filière, qui n’existe d’ailleurs pas en tant que telle – c’est une des conclusions phares de ce travail. Y sont également abordés des sujets connexes mais fondamentaux, tels que l’énergie, la formation, la recherche, l’innovation, les marchés finaux…
Serge Bardy a en effet été chargé de travailler sur ce sujet de l’économie circulaire, dans le cadre, plus large, de l’inscription de ce concept dans le projet de loi sur la Transition énergétique qui sera présenté au Parlement cet automne. Au plan européen, plusieurs projets de directive sont également à l’étude afin, notamment, d’augmenter le taux de recyclage. Voilà pour le contexte.
Ce rapport répertorie les leviers sur lesquels agir afin d’accroître le taux de recyclage et, plus largement, réduire les coûts et rendre la filière plus compétitive. Il préconise ainsi 34 chantiers d’action, pour l’essentiel centrés sur les ressources (amélioration du tri en particulier), les marchés et l’énergie. Objectif : créer une véritable filière “Cellulose”. Sa dynamisation devrait s’articuler autour de la Responsabilité sociétale des entreprises. Bref, il s’agit d’enclencher un cercle vertueux. La nomination d’un chargé de mission national, qui serait responsable de la mise en œuvre des décisions à venir, un “Monsieur Papier” en quelque sorte, est espérée au plus vite.
Des interrogations se sont bien entendu manifestées à l’issue de cette présentation (notamment sur le principe de proximité, l’attractivité générale du site France ou encore la mobilisation de la ressource bois*). Mais il n’en demeure pas moins que ce rapport présente le grand mérite de restituer une photographie précise de la situation actuelle de la filière, de proposer des pistes d’actions claires et d’avoir contribué à ce que tous ses acteurs se rencontrent et dialoguent ! La balle est désormais dans le camp du législateur, toutes les parties prenantes devant, bien sûr, rester mobilisées. Pour conclure, cette phrase de Jean Monnet (Mémoires, 1976), citée en ouverture de cette étude : « Les hommes n’acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise. » A méditer !

VALERIE LECHIFFRE