Le papier face aux technologies “perturbatrices”
En cette rentrée, de grands producteurs scandinaves de papier journal et de papier
impression-écriture font parler d’eux : les négociations sur un éventuel
rapprochement entre UPM et Myllykoski sont confirmées, cependant que Stora
Enso, Holmen et Norske Skog ont – pour le moment, et malgré certaines rumeurs
–, nié toutes discussions. Surcapacités de production, prix en recul, modifications
dans les habitudes de lecture avec l’essor d’Internet et des tablettes tactiles
(I-pad...), etc. : les causes du marasme qui touche ces marchés sont bien connues.
Dans son discours tenu à l’issue de l’Assemblée générale des Papiers de presse*,
Jean-Pierre Caillard, nouveau président du Conseil de surveillance de la SPPP et de
la CFPP, a utilisé le néologisme de “mediamorphose” pour décrire la situation actuelle
des éditeurs et de la presse : « Ceux qui parlent de “mediamorphose”, barbarisme
plaisant pour illustrer la nécessité d’une profonde mutation des process industriels,
de l’organisation du travail et des supports, ne font qu’exprimer une banale
réalité : le monde a changé et ne cesse de bouleverser nos certitudes. »
Sur ce sujet des ruptures technologiques et de leurs répercussions sur les
habitudes de production et de consommation papetières, une nouvelle étude
menée par Pira International** explique combien Internet et les innovations liées
à l’informatique mobile vont impacter l’industrie papetière dans les dix
prochaines années : ces technologies “perturbatrices” occupent en effet six des
dix premières places parmi les 25 technologies répertoriées par cet institut (cf. cidessous).
Leurs conséquences sont considérées comme particulièrement
importantes pour les papiers impression-écriture et pour la pâte kraft blanchie
utilisée pour produire ces papiers. Selon Graham Moore, Senior Paper
Consultant pour Pira, « cette demande perdue ne sera pas récupérée et il semble
certain que la rationalisation et la consolidation de la production papetière se
poursuivront. Cependant, la menace de ce déclin de la demande signifie que des
opportunités offertes par les fibres papetières au-delà du papier, par exemple comme
composants de structure, devraient être exploitées. »
Selon cette étude, les opportunités de croissance sont nombreuses dans
l’emballage (développement des achats via le web ou des packagings
hybrides...), ainsi que dans le process papetier “airlaid”, dans la bioénergie à
base de cellulose ou encore dans les travaux sur la composition de la feuille, en
particulier grâce aux progrès de la chimie du papier
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