L’air du temps...
Otemps, suspends ton vol...”, disait Lamartine dans
son célèbre poème “Le lac”. En ces périodes compliquées
et troublées, où tout va très vite, “Trop vite”*, le
constat est saisissant : avec les nouvelles technologies (Internet, téléphonie
mobile...), le temps s’est, en quelque sorte, condensé et accéléré. Au risque,
parfois, de s’étourdir dans le tourbillon de l’immédiateté, dans le superficiel et
de ne plus comprendre la hiérarchie des choses et des priorités.
Jusqu’au jour où un obscur volcan islandais se rappelle à notre bon souvenir
et où nous prenons, tout d’un coup, conscience de cette formidable accélération
du temps et de la totale abolition des frontières spatiales auxquelles
nous nous sommes habitués, sans même nous en apercevoir... sans doute
faute de temps !
Jusqu’au jour également où l’on constate, dans un tout autre domaine mais
au coeur de l’actualité du moment, que l’Europe, qui a choisi de créer la monnaie
unique, est peut-être allée un peu vite dans l’intégration monétaire sans
que ses dirigeants aient pris précisément le temps – et/ou sans en avoir fondamentalement
la volonté – de construire une gouvernance économique crédible
à long terme. Aujourd’hui, l’Europe est ainsi placée, en quelque sorte, au
pied du mur du temps, touchée par les effets collatéraux de la crise financière
et économique qui a creusé les déficits de certains pays, lesquels sont parfois
attaqués par les spéculateurs. Mais n’est-ce pas souvent quand le temps
presse que les décisions sont enfin prises ?
Pour poursuivre sur ces considérations temporelles, cette fois concernant le
secteur papetier, ce mois-ci, nous vous proposons un grand reportage aux
Papeteries de Clairefontaine, qui ont fêté leurs 150 ans en 2008. Un exemple
de longévité et de réussite pour cette entreprise – dont les produits colorent
notre vie quotidienne – qui fourmille toujours de projets. Avec son positionnement
haut de gamme, une marque très forte et une stratégie d’investissements
constante au fil du temps, cette société qui a fait le choix de l’intégration
en aval aura su surmonter tous les cycles papetiers. Et même si les cours
actuellement élevés de la pâte – qui s’expliquent notamment par la forte
croissance chinoise – créeront, mécaniquement, un effet de ciseaux bien
connu du secteur pour cette année, c’est toujours avec sérénité que ses dirigeants
abordent l’avenir. Car dans ce monde de l’urgence, le papier, support
de la pensée et gage de durabilité, n’est-il pas tout à fait essentiel ?
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