Au-delà de la crise... les promesses de la croissance verte !
En 2009, à l’instar de la plupart des secteurs industriels, la papeterie française a
été entraînée dans le grand tourbillon de la crise. Logiquement, les baisses enregistrées
par la Copacel* au cours de l’exercice sont donc historiquement fortes.
Avec deux séquences : un brutal arrêt de l’activité au premier semestre, suivi d’un
ralentissement de la dégradation dans la seconde partie de l’année. Résultat : la
consommation apparente et la production de papiers & cartons ont plongé, respectivement,
de 11 % et 12 % par rapport à 2008, à 9,5 Mt et 8,3 Mt.
Globalement, s’agissant de l’évolution de la production, la France se situe dans la
moyenne européenne. La pâte a payé un lourd tribut (- 26 %), notamment en raison
de l’arrêt de M-real Alizay. Du côté des papiers, la production des sortes graphiques
est particulièrement touchée (- 17 %), l’emballage-conditionnement
étant légèrement moins impacté (- 9 %). Seul le secteur des papiers d’hygiène
sort relativement épargné avec un recul de la production limité à 1,1 %. Dans ce
contexte de crise partout dans le monde, les échanges internationaux se sont également
contractés (- 12,7 % pour les exportations et - 10,5 % pour les importations)
et les prix de vente des papiers & cartons ont reculé, en moyenne, de 8,5 %
sur 11 mois, selon l’Insee**.
Pour 2010, les papetiers craignent un effet de ciseaux, avec des coûts de
production (matières premières et énergie) qui devraient augmenter, alors que
les prix de vente risquent d’avoir encore bien du mal à remonter. Les
perspectives d’une croissance molle du PIB (prévision de + 1,5 %) rendent très
hypothétique le retour à une hausse significative de la consommation papetière
qui est désormais beaucoup moins corrélée à l’activité économique générale.
Mais les papetiers veulent aussi se projeter au-delà de la crise et mettre en avant
les perspectives qu’ils estiment très intéressantes de la croissance verte qui
pourrait devenir leur nouveau relais de développement. Recyclage, économie
circulaire, utilisation de la biomasse comme source d’énergie et pistes pour
développer une “bio-économie” qui vise à remplacer le carbone fossile par du
carbone bio-sourcé (issu des végétaux), pour produire des bio-matériaux ou des
bio-molécules... : le secteur ne manque pas d’atouts pour répondre avec force
aux enjeux environnementaux. Cependant, la profession attend les mesures qui
seront prises au terme des Etats généraux de l’Industrie ou dans la mise en
oeuvre du grand emprunt. Elle insiste en particulier sur la nécessité d’investir
massivement dans la R&D (en évitant le saupoudrage sur plusieurs pôles de
compétitivité) et de coordonner les actions de différents secteurs (chimie, papier,
amidon...) afin de développer une “chimie du végétal”. Vous trouverez d’ailleurs
dans ce numéro quelques illustrations de ces pistes de recherche ou des projets
en cours : étude sur l’implantation éventuelle d’une raffinerie pour produire des
bio-carburants de deuxième génération sur le site de UPM Stracel, travaux du
Pôle Fibres ou encore potentialités de l’amidon (exemple du Vector® de
Roquette)... La croissance verte : une des cartes maîtresses pour que certains
pans de l’industrie papetière inventent de nouvelles formes de valorisation.
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