Des opportunités, malgré tout...
En 25 ans de carrière dans l’industrie papetière, je n’ai jamais connu pareille situation »... Nombreux sont nos interlocuteurs, qu’ils soient papetiers ou fournisseurs, à manifester leur grande perplexité, voire parfois leur désarroi face à un contexte économique sans visibilité, marqué par la récession mondiale, par des surcapacités et par une demande finale atone. Sans parler d’une certaine frilosité des investisseurs et des banques.
Déjà très fragilisée avant la récession, l’industrie papetière subit aujourd’hui
la crise de plein fouet avec des carnets de commandes très courts et de
nombreux arrêts de capacité, temporaires comme pour la Papeterie de La
Seine (Smurfit Kappa Papier Recyclé France) ou définitifs. Ces dernières
semaines, nous avons ainsi notamment appris la fermeture des Papeteries de Malaucène, de la machine 2 de Saica à Vénizel, de 11 usines de carton
ondulé en Europe pour le groupe SCA... Toutes les sortes papetières sont
touchées. Il faut désormais espérer que, une fois le creux de la crise atteint
et les stocks au plus bas, la reprise sera rapide et vigoureuse. Et qu’on ne
sera pas confronté à une croissance molle.
Cependant, dans ce numéro, nous avons aussi à coeur d’insister sur des
informations positives. Ainsi, comme le montre notre dossier “Chimie”, les
fournisseurs de l’industrie papetière manifestent leur ingéniosité et leur
esprit de recherche pour proposer des produits qui permettent d’abaisser les coûts des papetiers, d’augmenter l’efficacité et la productivité de leurs
équipements et de réduire leur consommation d’énergie. Autre information
satisfaisante : le Salon Tissue World qui s’est tenu fin mars à Nice a confirmé que ce secteur résiste bien à la crise. Avec, selon les prévisions de Risi, une croissance de 4,5 % de la consommation globale prévue dès 2010, après un ralentissement à + 2,8 % en 2009. Quant aux constructeurs français d’équipements papetiers réunis au sein du Scipag-Embalco, ils continuent, sans relâche, à prospecter des marchés prometteurs quoique également touchés par la crise. Avec réussite, comme l’atteste le colloque organisé fin mars à Hô Chi Minh-Ville (Vietnam). Par ailleurs, certaines sociétés persistent à innover et à investir fortement, à l’instar des Cartonneries de Gondardennes Wardrecques qui, comme le montre notre reportage dans ce numéro, ont opté pour la première onduleuse de 3,30 m de laize vendue sur le marché français ! Enfin, dans une tribune libre, Ulf Edman, président de Södra Cell International, explique comment, même dans les périodes difficiles, des opportunités d’innovation, de développement et de progrès peuvent aussi naître et se révéler essentielles pour mieux rebondir, une fois l’embellie de l’économie revenue. Un point de vue argumenté et stimulant.
Bonne lecture.
Valérie Lechiffre

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