2008, un exercice tempétueux
L’industrie papetière a souvent traversé des creux de marché. Ce qui importe, c’est leur durée » : Gérard Bontemps, président de la Copacel*, a tiré la sonnette d’alarme au cours de la conférence de presse annuelle qui a présenté les résultats des papetiers français en 2008 et leurs perspectives pour 2009. Et pourtant, il y a tout juste un an, le bout du
tunnel semblait en vue, après les années difficiles qui avaient marqué le début des années 2000. Cette tendance positive ne s’est malheureusement pas prolongée en 2008. Après un premier semestre de croissance molle, l’activité s’est en effet fortement dégradée sur la seconde moitié de l’année, les effets de la crise financière et économique touchant désormais de nombreux secteurs et se traduisant notamment par le repli de la demande.
En 2008, la consommation apparente française de papiers & cartons a ainsi reculé de 4 % par rapport à 2007 (à 10,68 Mt). La production a également baissé de 4,2 % (à 9,45 Mt), ce qui place dorénavant la France au cinquième rang européen, derrière l’Italie. Sept sites (soit 11 machines) ont fermé, ce qui a enlevé 650.000 t de capacités (environ 5,6 % du total). En 2006 et 2007, 14 usines avaient déjà cessé leur activité. L’année dernière, le secteur a ainsi supprimé 1.100 emplois (sur 18.300) qui
s’ajoutent aux 1.200 emplois qui avaient disparu au cours des deux années
précédentes. Pour sa part, l’indice moyen Insee des prix des papiers & cartons en l’état s’est dégradé tout au long de l’exercice, après un point haut en janvier. Au global, le C.A. du secteur a reculé d’environ 4,5 % à 5,9 milliards d’€.La Copacel explique, en substance, que « les pouvoirs publics ne semblent pas avoir réellement pris en compte la préoccupation de compétitivité des secteurs industriels. En outre, l’industrie papetière française est pénalisée, notamment par rapport à l’Allemagne
qui a bénéficié de subventions à l’investissement. » Et Gérard Bontemps d’observer :« Nous ne sommes ni les banques, ni l’industrie automobile. » La Confédération souhaite ainsi qu’une politique industrielle soit définie pour le secteur – le rapport parlementaire de Léonce Deprez pourrait d’ailleurs constituer une excellente base de discussion – afin d’assurer, en particulier, le développement de la filière bois, les objectifs de recyclage, la bonne gestion des déchets et l’aménagement du territoire.
D’autres mesures pourraient également être décidées, propose la Copacel :
compensation des aides d’Etat attribuées à des entreprises d’autres Etats membres, suppression de la TGAP sur les déchets du recyclage, confirmation de l’accès prioritaire à la biomasse à des fins industrielles, soutien au développement des activités des secteurs aval, réduction de la fiscalité...Dans un contexte économique probable de récession, 2009 s’annonce comme une année encore difficile pour le secteur qui, en outre, devra gérer, en amont, les conséquences de la nouvelle tempête qui s’est abattue le 24 janvier dernier sur le Sud-Ouest de la France et en particulier sur la forêt des Landes. Pour passer ce cap, les papetiers ont bien entendu raison d’avancer leurs arguments et de fournir des pistes de travail aux pouvoirs publics. Seront-ils pour autant entendus ? On le souhaite bien évidemment. Mais il leur faudra aussi et sans nul
doute compter sur eux-mêmes et montrer une nouvelle fois leurs capacités
d’imagination, de réactivité et d’innovation dans tous les domaines pour développer de nouveaux produits, de nouveaux projets... Une manière d’avancer, de se projeter dans l’avenir et de se préparer pour le retour à un temps économique plus apaisé et donc plus favorable. Pour cela, les papetiers tricolores peuvent encore s’appuyer sur de solides atouts : positionnement au centre de l’Europe, marchés de taille significative, disponibilité du bois et des papiers & cartons récupérés ou encore
formation et qualification de leur main d’oeuvre.
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