Passer le cap...
Ainsi donc, la crise des subprimes, qui a éclaté à l’été 2007
aux Etats-Unis, a fait sentir ses effets dévastateurs sur le système
bancaire et financier mondial ces toutes dernières semaines.
Une véritable onde de choc avec son lot
d’informations alarmantes, de faillites d’institutions renommées,
avec des sommes colossales en jeu, des cours de Bourses
en chute libre ou “dopés” par l’annonce de plans de sauvetage... La planète financière
tremble. Sans entrer dans le débat sur les responsabilités diverses et sur la régulation
d’un système financier devenu de plus en plus complexe et illisible, toute
la question est désormais de savoir dans quelle mesure cette crise financière sera
contagieuse et comment elle impactera l’économie réelle et, pour ce qui nous
concerne, l’activité papetière.
Pour la France, un rapide tour d’horizon de divers indicateurs montre des évolutions
négatives au cours de ces derniers mois : la production industrielle est en
baisse, les mises en chantier et les ventes de logements neufs sont en repli, la distribution
du crédit ralentit, les défaillances d’entreprises augmentent, le nombre
de chômeurs repart à la hausse et la consommation des ménages recule... Bref, la
situation se dégrade, le récent repli du cours du baril de pétrole donnant cependant
un peu d’air à l’économie, mais pour combien de temps ?
Pour l’industrie papetière, à propos de laquelle il est communément admis qu’elle
constitue un bon indicateur de la conjoncture, les perspectives semblent donc
également s’assombrir, après un été « maussade », relève la Copacel. Déjà fortement
affecté par l’inflation de ses coûts de production, par ses surcapacités ou encore
par le cours élevé de l’euro, le secteur papetier, actuellement en pleine restructuration
et concentration, n’avait évidemment pas besoin de ce climat
dégradé et volatil. Dans le long et passionnant entretien qu’il nous a accordé*,
Gérard Bontemps, président de la Copacel, ne cache d’ailleurs pas ses motifs
d’inquiétude : « La situation est simple : la crise économique prend une rare ampleur
avec un PIB qui, en France, comme dans la plupart des pays du monde, est en recul.
Ce qui veut dire moins de production de biens marchands et moins de publicités, donc
moins de papiers d’emballage et de papier impression-écriture. La demande est amenée
à faiblir et les prix, au mieux, vont stagner. Par ailleurs, les coûts de l’énergie
s’envolent, ce qui implique également l’augmentation des prix des transports, des produits
chimiques et des fibres. De nombreuses entreprises de notre secteur sont ainsi
prises dans un ciseau économique qui les met dans de sérieuses difficultés. » Par
ailleurs, dans le contexte du resserrement du crédit aux entreprises et de la frilosité
des investisseurs, l’industrie papetière risque de se trouver pénalisée encore
davantage, elle qui pâtit déjà d’un manque d’attractivité par rapport à d’autres
secteurs à l’image souvent jugée plus “moderne” et aux rentabilités meilleures,
notamment à court terme.
Dans cet entretien, le président de la Copacel livre également ses réflexions sur les
dossiers actuels qui mobilisent le secteur et qui influent sur sa compétitivité
(Exeltium, Tartam, certification environnementale, Plan national d’allocation des
quotas d’émissions de CO2, Reach, biomasse...). Certains de ces sujets seront débattus
dans le cadre de la journée technique que l’Atip organise à Bordeaux le
23 octobre. Plus largement, ce 61e Congrès de l’Atip sera l’occasion, pour la profession,
de se retrouver en quelque sorte “en famille” afin d’échanger, de progresser
ensemble pour affronter au mieux ce climat difficile... en attendant des jours
meilleurs.
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