Difficiles arbitrages...
En cette rentrée marquée par une crise financière
majeure, le terrain papetier apparaît pour le moins
accidenté et les arbitrages de natures diverses sont
nombreux, comme vous le lirez au fil des pages de ce numéro.
Arbitrage tout d’abord au sens de faire des choix et définir
des priorités dans un monde de plus en plus complexe, globalisé et
concurrentiel. Le même jour (simple coïncidence ?), le 10 septembre, les groupes UPM et Stora Enso ont en effet annoncé la fermeture de plus de 1,2 Mt de leurs capacités de papiers & cartons, essentiellement en inlande. Avec des suppressions massives de postes : 1.700 pour Stora Enso et 1.600 pour UPM. Ces annonces préfigurent-elles un prochain rapprochement des deux groupes ? Par ailleurs, Holmen ferme son usine de Wargön et Sappi celle de Blackburn. Quant au groupe Sequana, dans le cadre du recentrage de sa stratégie autour d’Antalis, il a annoncé la suppression de 250 à 300 emplois chez Arjowiggins, essentiellement en France et au Royaume-Uni. Les raisons invoquées pour expliquer toutes ces décisions sont bien connues :
surcapacités de production, marchés matures et atones, concurrence
d’Internet, hausse du prix des matières premières, de l’énergie, des
transports, des taxes russes sur le bois exporté (ce qui pénalise fortement les Scandinaves), euro fort qui affecte nos exportations notamment dans la zone dollar, déplacement des investissements dans les pays émergents et où les forêts se développent rapidement... Par ricochet, les difficultés des papetiers se retrouvent également chez leurs fournisseurs, contraints eux aussi de revoir leur stratégie, comme le montre encore l’annonce, le 15 septembre, du projet de reprise de Ciba, spécialiste de la chimie de spécialités notamment destinée aux papetiers, par BASF. Arbitrage ensuite dans son acception juridique cette fois. Ainsi, fin juillet, les Papeteries de Pont-Sainte-Maxence (PSM) ont été placées en redressement judiciaire malgré le succès réel de l’Era Pure. Et, au moment où nous écrivons, les craintes étaient fortes sur la liquidation du groupe Matussière & Forest, qui emploie 722 personnes et qui a été un des grands précurseurs du recyclage. Arbitrage enfin aux sens social et politique du terme avec l’accord de branche pour l’emploi des seniors dans le cadre duquel Formapap a développé son dispositif innovant Générice. Cet accord devrait constituer un pas important, en particulier pour mieux équilibrer la pyramide des âges, favoriser le retour à l’emploi des seniors et limiter le risque de perte des savoir-faire des entreprises papetières. D’un point de vue plus général, cette problématique des seniors nécessitera toutefois que la société dans son ensemble – avec toutes ses composantes et tous ses acteurs – parvienne à arbitrer au plus juste afin de trouver le bon équilibre entre les générations et afin d’assurer le profit et l’épanouissement de tous.